Deux femmes Bassari avec une calebasse de Fonio. Le fonio est l'un des nombreux atouts précieux que les Bassari ont soigneusement protégés et améliorés au fil des ans pour en faire profiter le monde entier. Photo : Pape Moussa Ciss/ RLS Dakar.

Les Bassari sont un petit groupe ethnique qui serait originaire des Pays d'Afrique australe et qui est relativement peu connu dans le monde. À ce jour, ils ont réussi à préserver méticuleusement leur culture, leurs traditions et leurs mœurs, malgrétoutes les difficultés qu'ils rencontrent étant à l'écart des grandes villes de la République de Guinée (notamment dans les communes d'Ethiolo et d'Oubadji) et de la région de Kédougou au Sénégal.

Une danse traditionnelle Bassari à Kédougou, au Sénégal. Foto : Pape Moussa CISS/RLS Dakar

Les Bassari menaient autrefois une vie nomade faite de chasse, de decueillette, de recherche de nourriture et de pêche. Cependant, au fur et à mesure de l'évolution de leurs communautés, ils se sont sédentarisés, construisant des maisons aux murs de pierre et aux toits de chaume et adoptant l'agriculture comme principale source de nourriture, devenant ainsi des maraichers.

Même après des djihads qui ont converti une petite partie de leur communauté (les Boyine), la plupart des Bassari restent farouchement attachés à leurs traditions. Ils sont proches des Bantous, qui ont rejeté l'islam et se sont réfugiés dans les pays voisins comme la Guinée, le Sénégal et la Guinée-Bissau pour tenter de préserver leurs traditions. Comme les Bantous, Les Bassaris ont refusé de se convertir à l'islam, optant plutôt pour le maintien de leur animisme traditionnel.

Les Bassari vivent sur certains des plus beaux sites naturels de la planète. Foto : Pape Moussa CISS/RLS Dakar

Leur aliment de base est le fonio et d'autres céréales de la famille Dumillet. Les Bassari cultivent plus de vingt variétés différentes de fonio et de millet qui n'existent nulle part ailleurs sur terre. C'est d'ailleurs grâce à eux que le fonio, dans ses nombreuses variétés, a survécu jusqu'à ce que nous en profitons aujourd'hui. C'est une véritable course contre la montre de rassembler et de préserver une partie de la riche diversité que la terre offre encore, afin que les générations futures puissent elles aussi faire l'expérience de ce que nous apprécions encore aujourd'hui.

Les Bassari cultivent plus de deux douzaines de variétés différentes de fonio et de millets. Foto : Pape Moussa CISS/RLS Dakar

En tant qu'agriculteurs, les Bassari ont vite compris que tout ce qu'ils sont leur a été donné par la grâce de la terre qui les héberge. Ils seconsidèrent donc comme des hommes de la forêt, c'est-à-dire qu'ils sonteux-mêmes des éléments de la nature. Ne faisant qu'un avec la nature, LesBassari ont le devoir intrinsèque de défendre et de protéger l'environnement dont ils dépendent.

Contrairement à la plupart des autres communautés, les enfants de Bassari apprennent à embrasser la nature dès leur plus jeune âge et à toujours faire les choses de la manière la moins nocive possible. Ils apprennent à défricher correctement les champs pour que le sol reste fertile, à couper les arbres de manière à éviter de les tuer, mais aussi à leur permettre de repousser.

Les ruisseaux sont de plus en plus petits et les buissons s'assèchent. Photo : Pape Moussa Ciss

Les jeunes Bassari apprennent dès leur plus jeune âge que les feux de brousse sont strictement interdits et qu'ils ne sont autorisés qu'avec la permission du propriétaire foncier et des esprits de la montagne sacrée d'Anet. Ils apprennent à récolter le miel en utilisant la fumée des excréments d'animaux au lieu du feu pour éviter de détruire les colonies d'abeilles et les ruches. Ainsi, l'harmonie avec la nature est intégrée très tôt dans leur mode de vie.

Ibrahima Thiam déguste une calebasse d'eau froide à Kédougou. Photo : Pape Moussa Ciss

Cependant, comme le reste du monde, les Bassari ont été gravement touchés par le changement climatique. C'est ce que nous devons tous réaliser : peu importe où vous vivez, le changement climatique aura un impact sur vous d'une émanière ou d'une autre. Les cultures de base des Bassari - arachides, millet et fonio - nécessitent beaucoup d'eau et donc de longues saisons des pluies. Le changement climatique oblige certains Bassari à choisir des cultures à cyclecourt, comme le sorgho, qui ne sont pas aussi riches en nutriments et qui ne donnent pas autant de rendement à la fin de la récolte.

Leur architecture est également affectée. Les Bassari utilisent de la paille pour couvrir leurs toits de chaume. Cependant, avec le raccourcissements de la saison des pluies, la paille de leur communauté a perdu en qualité et en intensité. Il y a à peine vingt ans, les toits de chaume duraient quatre ans avant de devoir être remplacés. Aujourd'hui, ils doivent être renouvelés chaque année.

La plupart des Bassari sont animistes et les danses masquées occupent une place importante dans leur culture. Foto : Pape Moussa CISS/RLS Dakar